A l’occasion de la commémoration de la Journée de la liberté de la presse AMURI ALEKA, Promoteur de la Radio Ndenga News-Kalemie au Tanganyika en RDC s’exprime de vive voix dans cette interview réalisée par Prospère Tegene.
« Restons optimistes par rapport à notre province du Tanganyika qui vient de connaitre les élections, nous avons de nouveaux dirigeants et notre rôle comme presse libre et indépendante sera de veiller au bon fonctionnement du gouvernement, d’avertir le public quand nos dirigeants ne tiennent pas les promesses faites pour être élus… » Amuri ALEKA Journaliste.
Interview
Prospère Tegeme (journaliste) : Monsieur Amuri ALEKA, le monde célèbre la journée internationale de la liberté de presse, vous basant sur votre expérience dans le domaine, pourquoi est-ce important aujourd’hui que la presse jouit d’une telle liberté ?
Amuri Aleka : Cher Monsieur Prospere, Je dirai que garantir la liberté de la presse en République Démocratique du Congo ou au monde est une priorité car des médias indépendants, libres et pluralistes sont le pivot de la bonne gouvernance à l’échelle locale, nationale tout comme internationale. Mon expérience comme journaliste dans plusieurs médias nationaux et internationaux, j’ai pu remarquer que lorsque les médias sont libres, ils deviennent de garants de la transparence, de la responsabilisation et l’État de droit. Ils favorisent la participation au débat public et politique et aussi ils contribuent à lutter contre la pauvreté et les inégalités. Comme promoteur de la Radio Ndenga News, je puis indiquer que notre media demeure indépendante car il tire son pouvoir de la communauté qu’il sert et confère en retour à cette même communauté le pouvoir d’être un partenaire à part entière dans le processus démocratique.
Prospère Tegeme : Dans la plupart des cas, la liberté est volontairement biaisée par les professionnels de la presse eux-mêmes, afin de se conformer aux orientations des décideurs, comment quitter la presse de propagande à la presse libérale ?
Amuri Aleka : Vous pouvez ou pas avoir raison par rapport à cette confirmation. Il s’agit malheureusement d’une particularité dommageable issue de la relation entre journalistes et les politiques car des liens personnels se tissent et des sympathies se forgent. Cet état de chose pousse malheureusement au manque de distanciation et cette dernière entraîne une forme de myopie ; au pis, à une connivence ; parfois une complicité de mauvais augure. Or la démocratie à travers la liberté de la presse exige que nous journalistes, puissions, grâce au contrat avec nos communautés, participer aux processus de décision et évaluer les performances de nos gouvernements via les politiques, mais nous observons toute autre chose comme par obligation, les politiques savent séduire et les journalistes ne sont pas insensibles à cette séduction, d’autant qu’Ils partagent la même culture, les mêmes codes, les mêmes références. Ils fréquentent les mêmes lieux et passant alors de l’autre côté du miroir… la commémoration de la journée de la liberté de la presse devient alors une occasion pour nous rappeler le contrat social avec nos communautés dans le processus démocratique
Prospère Tegeme : Les journalistes sont à féliciter pour leur travail salutaire, mais on se demande que deviendra une société sans une presse libre, indépendante ? pour parler des conséquences de la privation de la liberté de la presse !
Amuri Aleka :Cette toute notre inquiétude comme journaliste mais nous restons optimistes et réaffirmons le droit des journalistes à faire leur travail car si les idées et l’information ne circulent pas librement dans notre région, dans notre province ou dans notre pays, la paix en sera d’autant plus difficile à atteindre. Je m’inspire du Secrétaire général de l’ONU Monsieur Koffi Annan qui disait à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse en 2003 qu’une presse libre et indépendante fait des sociétés fortes, dynamiques, en marche vers le progrès. Comme nos sociétés ont opté pour le progrès donc elles ont opté pour développement et la démocratie via la liberté de la presse. C’est pour cette raison que j’ai dit que restons optimiste par rapport à notre province du Tanganyika qui vient de connaitre les élections, nous avons de nouveaux dirigeants et notre rôle comme presse libre et indépendante sera de veiller au bon fonctionnement du gouvernement, d’avertir le public quand nos dirigeants ne tiennent pas les promesses faites pour être élus.
Parlant des conséquences de la privation de la liberté de la presse, les médias classiques ne sont plus les seuls concernés. Il faut reconnaitre que la radio, la télévision et la presse écrite sont fortement concurrencés par les médias sociaux. Désormais, Facebook, Twitter, WhatsApp sont autant d’autoroutes où l’information circule. Mais si les médias sociaux confortent la liberté de la presse, ils ont aussi un potentiel de nuisance.
Merci beaucoup monsieur AMURI Aleka ALEXANDRE
Par Prospère Tegeme/Ndenga News