0 5 minutes 1 mois

À la suite de sa participation au Forum OCDE sur les chaînes d’approvisionnement responsables des minerais critiques, Freddy Muamba, Directeur Général du Centre d’Expertise, d’Évaluation et de Certification (CEEC), revient sur les ambitions concrètes de la République Démocratique du Congo en matière de gouvernance minière. Dans un échange sans détour, il défend la mise en place de nouveaux mécanismes de traçabilité, de certification et de contrôle, qu’il juge essentiels pour repositionner le pays sur l’échiquier mondial.

« Nous avons voulu marquer notre présence cette année avec un message clair : le Congo veut contrôler et valoriser ses ressources« , explique Freddy Muamba dès les premiers instants. Il insiste sur le caractère stratégique du forum pour la RDC, qui reste l’un des principaux fournisseurs mondiaux de cobalt, de cuivre et de terres rares. « C’était important d’échanger directement avec les autres acteurs de la chaîne pour affirmer notre modèle : une traçabilité rigoureuse, une certification crédible, et une planification industrielle à partir de données fiables.
L’objectif est clair : fiabiliser les statistiques, sécuriser les recettes et renforcer la souveraineté sur les chaînes de valeur. « Ce n’est pas seulement une exigence technique, c’est une vision. On ne peut pas parler de minerais critiques sans parler de contrôle, de cohérence et de bénéfices pour l’État« , souligne-t-il, avant d’ajouter que la coordination des bureaux de traçabilité par le CEEC joue un rôle déterminant pour structurer ces efforts.

La discussion bascule sur l’importance de la traçabilité, que Freddy Muamba ne considère pas comme un simple outil administratif. « Elle permet de savoir d’où vient le minerai, comment il a été transporté, dans quelles conditions il a été stocké, et surtout, quels sous-produits l’accompagnent. » Le DG du CEEC révèle que de nouveaux investissements ont été réalisés dans les laboratoires du pays, afin de détecter ces éléments secondaires souvent ignorés mais pourtant essentiels. « Ces minéraux présents en traces, parfois invisibles à l’œil nu, sont pourtant de grande valeur industrielle. Nous avons équipé nos installations pour ne rien laisser passer.«

Il évoque également le projet d’une école de formation, destinée à produire des experts capables d’assurer ces analyses sur le long terme. « Sans les compétences locales, nous resterons dépendants. Ce que nous voulons, c’est bâtir un système solide, porté par des Congolais formés et enracinés dans la réalité du pays. »

L’échange prend un tour plus politique lorsque Freddy Muamba commente le partenariat récent entre Kinshasa et Washington. « Ce que représente ce type de collaboration avec les États-Unis dépasse les simples échanges économiques. C’est une opportunité d’inspiration, de confiance, et de transformation structurelle. » Il voit dans cette relation un signal fort envoyé aux autres puissances industrielles. « L’Amérique attire des partenaires. En s’associant à elle, nous facilitons d’autres alliances. Et cela peut permettre de résorber des problèmes anciens, comme nos déficits en énergie, en infrastructures ou en capacités industrielles.«

Il conclut en insistant sur le lien étroit entre stabilité et développement. « Nous ne pouvons rien construire sans paix. C’est une ligne directrice posée par le président de la République, et elle s’applique à tout : à la mine, à la route, à l’industrie. Sans paix, pas d’approvisionnement sûr. Sans paix, pas d’avenir pour nos minerais.«

La voix de Freddy Muamba porte, parce qu’elle s’appuie sur des actes : normes établies, outils déployés, laboratoire modernisé, et diplomatie assumée. Plus qu’un discours technique, son intervention après le forum de l’OCDE trace le contour d’une stratégie nationale. Une stratégie où le cobalt congolais ne se vend plus au poids du kilo, mais à la valeur du contrôle.

Par Guillaume Ngoy Amisi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *