
Dans un contexte marqué par des tensions sécuritaires et une résurgence des hostilités dans la partie orientale de notre pays, le débat sur le mode de gouvernance de notre nation soulève à la fois espoirs et craintes, selon la position adoptée. Ce sujet, aussi passionnant qu’existentiel, a suscité controverses et contradictions depuis l’indépendance, reflet de la complexité de la question, des intérêts divergents et d’une oligarchie politique réticente à impliquer la population. Notamment, cette dernière montre une forte inclination vers le fédéralisme.
Le fédéralisme est souvent présenté à tort par ses détracteurs unitaires comme un catalyseur de délitement pouvant mener à la fragmentation ou même à la balkanisation du pays. Les partisans de l’unitarisme avancent des arguments solides, évoquant les risques réels ou supposés d’éclatement en cas de mise en œuvre d’un régime fédéral, affirmant que le peuple congolais n’aurait pas la maturité requise pour faire fonctionner efficacement ce système.
Cependant, ces rivalités idéologiques ont conduit, grâce au pacte républicain de Sun City, à l’adoption de la Constitution du 18 février 2006. Près de deux décennies plus tard, il est évident que ce texte fondamental, bien qu’ayant permis la première alternance politique, n’a été qu’une mascarade, dérogeant aux principes de souveraineté populaire qu’il prétend défendre. Ce constat révèle de nombreuses incohérences sémantiques et idéologiques qui entravent le fonctionnement des institutions et ralentissent le développement du pays à sa base.
Les craintes des unitaires à propos d’un éventuel éclatement du pays, exacerbé par des clivages ethniques et tribaux souvent manipulés par des acteurs politiques en quête de pouvoir, ne justifient cependant pas le rejet du fédéralisme. Au contraire, ce mode de gouvernance pourrait servir à contextualiser la gestion des affaires publiques en tenant compte des réalités sociologiques et anthropologiques propres à chaque région, favorisant ainsi l’harmonie et le développement.
Pourquoi continuer à craindre le fédéralisme alors qu’il pourrait être la clé de notre stabilité ?
L’expérience de l’unitarisme, marquée par des tentatives malheureuses de régionalisation, impose une réflexion approfondie sur la nécessité d’un changement de paradigme vers le fédéralisme. Ce dernier pourrait permettre à notre élite de faire preuve de responsabilité, de patriotisme et de clairvoyance pour aborder les défis socio-politiques de manière holistique, en venant en aide à des populations locales souvent laissées pour compte.
Loin d’être un projet séparatiste, le fédéralisme représente une opportunité de résoudre les frustrations accumulées par les populations, qui s’expriment parfois par des violences armées. Ces conflits sont souvent le résultat d’une accumulation de ressentiments face à la paupérisation orchestrée par une oligarchie privilégiée, principalement centrée à Kinshasa ou dans quelques chefs-lieux provinciaux, qui s’accapare l’essentiel des richesses nationales.

Alors, comment pouvons-nous envisager un fédéralisme qui favorise la cohésion nationale tout en respectant les besoins spécifiques des différentes régions ? La réponse réside dans la mise en place d’un cadre fédéral clair, qui intègre des mécanismes de prise de décision partagée et de redistribution équitable des ressources. Il s’agit également de sensibiliser les populations locales à leur rôle dans la gouvernance, afin qu’elles se sentent impliquées et responsables de leur avenir.
Pour préserver l’unité du Congo tout en répondant aux aspirations des provinces, il est crucial de réinventer notre modèle de gouvernance. L’heure est venue de considérer le fédéralisme comme une voie vers une gestion plus équitable et inclusive, capable de favoriser un développement harmonieux et durable pour l’ensemble du pays.
Dans son état actuel, le Congo ressemble à un corps obèse, attaqué par des microbes : détournements, corruption généralisée et gabegie, où chaque membre de la famille nationale tente de trouver une guérison hypothétique. Il est impératif de revoir notre modèle de gouvernance pour permettre à chacun d’investir et de prospérer.
En définitive, en mon sens et sans prétention aucune, le fédéralisme émerge comme une possibilité sérieuse d’amélioration de notre gouvernance, mais il est essentiel de garder l’esprit ouvert sur les diverses approches et solutions qui pourraient enrichir notre réflexion collective. Le chemin vers une meilleure gestion du Congo ne peut être tracé par une unique vision; il nécessite une pluralité de voix, une diversité d’idées et une volonté commune de bâtir un avenir harmonieux pour tous, indépendamment des divergences partisans.
La question demeure : sommes-nous prêts à nous engager dans un dialogue constructif qui nous permettra d’explorer toutes les avenues possibles pour consolider notre unité tout en respectant la richesse des identités régionales ? Une telle approche demandera des efforts conjugués, une introspection profonde et une réelle volonté politique de dépasser les clivages qui nous divisent.
Ainsi, tout en soutenant la pertinence du fédéralisme comme modèle de gouvernance pour le Congo, laissons la porte ouverte à d’autres réflexions. En unissant nos perspectives et en apprenant des expériences passées, nous pouvons aspirer à bâtir un Congo capable de relever les défis du présent et de l’avenir, affirme Joseph Mulunda.
Par la rédaction Ndenga News

